1. L’enfant râté (anorexie/boulimie) :
(« The failure child » – Théorie : Concept lié à la théorie de l’impuissance apprise de Martin Seligman et à la théorie de l’auto-efficacité d’Albert Bandura.)
Définition : Un enfant qui a développé la croyance profonde qu’il est incapable de réussir ou de répondre aux attentes.
Et pourtant, il dit toujours oui pour ne pas perdre la face et passait pour quelqu’un dans l’échec.
Ce qui l’amène accepter des choses qui sont au-delà de son niveau d’énergie, de connaissance ou de capacités.
Ce qui peut le pousser à ne jamais commencer quelque chose de nouveau pour éviter de vivre l’échec si l’enfant a une très faible estime de lui.
Si il l’a commencé, l’échec n’est pas une option.
S’il échoue une fois, il n’essayera plus jamais.
Sa phrase typique est souvent : » ils avaient raison depuis le début, je suis un échec » ou « je vais leur prouver que je peux y arriver ».
Impact sur les troubles alimentaires : Peut conduire à l’obsession de l’apparence ou du poids comme symbole de réussite.
Le chiffre sur la balance qui diminue est vécu comme une victoire, symbole de sa forte capacité à son corps et de ses pulsions alimentaires.
Chaque aliment »interdit » ou malsain évité et vécu comme une victoire dans cette course d’obstacle face aux tentations quotidiennes (supermarchés, boulangeries, restauration à emportée, Uber eats…).
Toutes les phases d’échecs dans la vie (sentimental ou professionnel…) accentuent les crises alimentaires.
Toutes crises alimentaires des aliments interdits sont vécues comme une défaite colossale renforçant un peu plus la volonté de contrôle (cercle vicieux).
Le poids et l’apparence deviennent petit à petit les seuls domaine de « réussite » pouvant pousser les adolescentes vers de l’anorexie mentale / anorexie restrictive.
Ce sont des profils très bon / élève qui cochent toutes les cases en apparence. Elles visent la perfection dans tout et peuvent être totalement coupées de leur corps ou de leurs émotions.
Exemple d’enfance : Un enfant constamment critiqué (ou qui s’auto critique fort) concernant ses performances scolaires, ou de ne pas être dans la norme ou qui a été en surpoids (et moqué ou a vécu une alimentation très contrôlée).
Les parents peuvent avoir une attitude hyper controlante ou autoritaire. Ils peuvent contraindre très fortement l’enfant à faire des choses qu’ils n’aiment pas faire ou pour lequel il n’est pas bon, sous couvert de « c’est pour ton bien » et qu’il doit progresser pour devenir parfait.
2. L’enfant impuissant :
(« The powerless child » – Théorie : Ce concept est lié à la théorie du locus de contrôle de Julian Rotter et à la théorie de l’impuissance apprise de Seligman)
Définition : Un enfant impuissant est un enfant qui a le sentiment de n’avoir aucun contrôle sur sa vie ou son environnement.
L’impuissance vient de l’extérieur, quand le sentiment d’échec chez l’enfant en échec (point 1), vient de l’intérieur.
L’enfant impuissant peut résulter d’un environnement très contrôlant ou de situations où ses efforts n’ont jamais semblé avoir d’impact.
Impact sur les troubles alimentaires : Peut conduire à des comportements alimentaires auto-destructeurs car la personne a le sentiment de ne rien pouvoir changer à sa situation « perdu pour perdu ».
La nourriture peut être un refuge à cette tristesse ou impuissance permanente.
Il peut commencer à perdre du poids ou un projet, et à un moment il y a un sabotage qui va faire échouer l’iniative.
A l’inverse, Cela peut générer également de l’hypercontrôle alimentaires pour ne pas être contrôlé par l’environnement.
Exemple d’enfance : Un enfant dont les choix sont constamment faits par des parents surprotecteurs ou possessifs.
3. L’enfant en insécurité :
(« The unsafe child ». Théorie : Ce concept est souvent associé à la théorie de l’attachement de John Bowlby et aux travaux sur le trauma développemental.)
Définition : Un enfant qui se sent constamment menacé ou en danger, même dans des situations sûres.
Impact sur les troubles alimentaires: Peut mener à des comportements alimentaires compulsifs pour aller chercher de la nourriture réconfort / nourriture doudou.
L’alimentation peut être aussi une façon d’étouffer les émotions négatives internes qui auraient tendance à ressortir comme la peur, le stress, l’anxiété.
Le surpoids peut être une façon de faire « le poids » face aux évènements, mais aussi de se protéger d’agression extérieure (ou critique intérieure).
Il peut y avoir l’expression régulière que la personne se dise « je dois être forte », « je vais gérer ».
Exemple d’enfance : Un enfant vivant dans un environnement familial imprévisible ou violent.
L’absence de sécurité matériel, physique ou affective bloque la personne dans un état de survie.
L’enfant a dû apprendre à se protéger tout seul.
L’alimentation pouvait être un refuge si l’enfant devait s’alimenter seul, ou s’il grignotait en dehors des repas (devant la tv par exemple), ou auprès d’une personne douce qui apportait du réconfort avec de la nourriture (ex: gateau ou bonbon de la grand mère).
Conséquence adulte : Recours à la nourriture pour gérer l’anxiété, conduisant potentiellement à des crises de boulimie ou d’hyperphagie.
C’est une personne qui a du mal à se faire des amis parce qu’elle prête toujours de mauvaises intentions aux gens. C’est une personne qui est toujours sur ses gardes, préparée.
Sa plus grande peur est la vulnérabilité.
C’est une personne qui pourrait se sentir vulnérable, fragile ou en danger si jamais elle prenait du temps de qualité pour elle.
Solutions suggérées : Vous avez besoin d’une longue étreinte et qu’on vous murmure dans l’oreille : « Tout va bien maintenant, tu es en parfaite sécurité. Tu peux lâcher prise. »
4. L’enfant surchargé :
(« The too much child » – Théorie : Ce concept peut être lié à la théorie du développement psychosocial d’Erik Erikson, en particulier les stades liés à l’initiative.)
Définition : Un enfant qui se sent submergé par les attentes ou les responsabilités, souvent au-delà de ce qui est approprié pour son âge.
C’est une personne qui est parentalisée très tôt pour aider les autres ou ne pas être un fardeau.
C’est un enfant qui n’a pas vécu une enfance insouciante car il devait s’occuper des frères et soeurs, parents malades ou des tâches domestiques.
C’est une personne qui ne sait pas prendre de temps de repos et de qualité pour elle car elle n’a pas appris et parce qu’elle trouve toujours un truc à faire.
Impact sur les troubles alimentaires : Elle peut être amenée à un burn-out ou de fort craquages alimentaires pour compenser du manque de plaisir, stress et temps de qualité qu’elle n’a pas pris pour elle.
5. L’enfant abandonné :
(« The abandoned child » : Théorie : Fortement lié à la théorie de l’attachement de Bowlby et aux travaux de Mary Ainsworth sur les styles d’attachement.)
Définition : Un enfant qui a vécu ou qui craint profondément l’abandon, affectant sa capacité à former des relations sécures.
C’est une personne qui peut être « people pleaser », la personne qui cherche à faire plaisir à tout le monde.
Elle peut être dans la joie ou l’animation permanente pour éviter qu’on l’abandonne, même si elle n’a pas l’énergie ou le moral elle porte un masque de gai luron pour éviter d’être abandonnée.
Impact sur les troubles alimentaires : Ce qui peut l’amener à faire des grosses crises alimentaires pour retrouver de l’énergie, tenir le coup, rester éveillé, remplir un vide affectif intérieur, par ennuie ou sentiment de solitude.
Conséquence adulte : Utilisation de la nourriture comme « ami » ou « réconfort » constant, menant à l’hyperphagie (=boulimie sans purge).
Exemple d’enfance : Un enfant dont les parents sont physiquement ou émotionnellement absents (peu d’amour, de calin, d’affection…)
6. L’enfant restreint :
(« The deprived child » : Théorie : Ce concept peut être lié à la théorie des besoins de Maslow et aux travaux sur la négligence infantile.)
Définition : Un enfant qui manque de ressources essentielles, qu’elles soient émotionnelles, matérielles ou développementales.
Impact sur les troubles alimentaires : Peut conduire à des comportements de sur-stockage ou de restriction alimentaire en lien avec la peur de manquer de nourriture.
Ce sont les personnes qui ont tendance à acheter les choses en trop, et à faire de trop grandes quantités de nourriture « au cas où » il manquerait.
On le retrouve souvent chez les personnes qui ont connu la famine, l’extreme pauvreté, l’émigration subit, la guerre ou été élevées par des personnes qui ont connu la guerre, le déplacement forcé etc.
Exemple d’enfance : Un enfant grandissant dans la pauvreté avec un accès limité à la nourriture ou il doit partager avec son entourage.
Il réfléchit trop à la manière dont les autres pourraient le juger, lui et ses désirs, alors il fait bonne figure pour eux.
7. L’enfant fardeau :
(« The burden child » – Théorie : Ce concept peut être lié à la théorie de l’estime de soi de Rosenberg et aux travaux sur la parentification.)
Définition : Un enfant qui se perçoit comme un poids pour sa famille ou son entourage.
Ce sont des personnes qui ont peur de déranger, de demander. Elles vont tout faire par elles mêmes sans demander d’aide. Elles peuvent être introverties, discrète également.
Cela peut être fatigant et générer des mécanismes de compensations alimentaires pour se donner de l’énergie, se remonter le moral, rester éveillé.
Impact sur les troubles alimentaires : Risque de développer des troubles alimentaires pour « disparaître ».
Anorexie comme moyen de réduire sa présence physique et les « coûts » associés.
Obésité au-dessus de 100Kg par l’anxiété et la charge mentale que cela génère d’être un fardeau pour quelqu’un.
Exemple d’enfance : Un enfant constamment rappelé du coût financier qu’il représente pour la famille qui doit se restreindre sur l’alimentation ou les aliments qui coûtent cher.
8. L’enfant insuffisant :
(« The insufficient child » – Théorie : Ce concept est lié à la théorie du self de Carl Rogers et aux travaux sur le perfectionnisme malsain.)
Définition : Un enfant qui se sent constamment inadéquat ou a l’impression d’être incapable de répondre aux attentes (bien que l’on puisse le valider).
C’est quelqu’un qui se dit qu’on ne l’a pas critiqué pour être gentil avec elle, ou ne pas la froisser mais qu’elle sait qu’elle aurait pu mieux faire. Ses critères d’exigence ne sont pas fixes, ils sont mouvants vers du toujours mieux.
Conséquence adulte : Orthorexie (obsession de manger parfait) ou recherche obsessionnelle du corps « parfait » pour se sentir adéquat.
Impact sur les troubles alimentaires : Peut mener à des troubles alimentaires comme tentative de se sentir « suffisant » ou « parfait » tant au niveau du poids que sur l’apparence. Ce sont des personnes qui peuvent organiser des diners délicieux, fastueux et qui peuvent regarder les autres manger sans elle même véritablement manger ou apprécier le repas (dans le cas de l’anorexie boulimie).
Elles peuvent faire un burn out ou passer son temps à travailler pour compenser cette impression de ne pas être suffisante.
Cela peut générer des crises d’hyperphagie nocturnes car c’est le seul moment où elle lâche.
Elle pourrait dire « je n’ai pas faim » ou aurait tendance à critiquer (intérieurement) ses plats disant qu’elle aurait pu toujours faire mieux ou plus.
Exemple d’enfance : Un enfant constamment comparé défavorablement à ses frères et sœurs.
9. L’enfant invisible :
(« The invisible child » – Théorie : Ce concept peut être lié à la théorie de la reconnaissance d’Axel Honneth et aux travaux sur la négligence émotionnelle.)
Définition : Un enfant qui se sent ignoré, non vu ou non reconnu par son entourage. Il peut se retrouver à tout faire pour avoir de l’attention (sketch, maladie imaginaire…) ou à se délaisser totalement pour avoir de l’attention de l’entourage.
C’est un enfant qui va chercher de l’amour à l’extérieur de lui, au lieu de le chercher à l’intérieur de lui.
Il peut développer un côté artistique pour avoir de l’attention, un compte sur les réseaux sociaux pour avoir des vues ou likes.
Ex : Anorexie, boulimie ou obésité à partir de 100kg comme moyen d’obtenir l’attention et la préoccupation des autres.
Exemple d’enfance : Un enfant systématiquement ignoré au profit de ses frères et sœurs.
10. L’enfant bizarre :
(« The freak child » – Théorie : Ce concept peut être lié aux théories de l’identité sociale et aux travaux sur la stigmatisation.)
Définition : Un enfant qui se sent fondamentalement différent ou anormal par rapport à ses pairs.
Impact sur les troubles alimentaires : Risque de développer des comportements alimentaires pour tenter de se conformer ou se distinguer.
Ce sont des personnes qui peuvent se réfugier dans des mondes artificielles (jeux vidéos, drogues, livres d’hisotire d’amour ou fantaisie…)
Exemple d’enfance : Un enfant constamment moqué pour son apparence ou ses centres d’intérêts.
Adolescence : cela peut générer des difficultés à table si la personne rentre dans une phase d’anorexie mentale car les repas peuvent devenir un enfer tant ils sont compliqués.
Plus elle est validée par son entourage ou les réseaux sociaux sur le fait qu’elle est belle et mince, et plus cela va accuentuer les troubles alimentaires.
Derrière la bizarrerie, elle peut cacher des secrets ou s’enfermer sur elle même, se disant que personne ne va l’écouter, la comprendre ou que c’est normal que ça lui arrive car elle a toujours été « bizarre » (harcèlement à l’école ou en ligne, agression physique, agression sexuelle…).
Conséquence adulte : Utilisation de régimes extrêmes pour tenter de « rentrer dans le moule » ou au contraire se démarquer par un monde alimentaire particulier (uniquement cru, véganisme, etc.) .
Eviter d’être en surpoids comme toute sa famille, ou manger plus « sain » qu’eux.
11. L’enfant jetable :
(« The disposable child » – Théorie : Ce concept peut être lié à la théorie de l’attachement et aux travaux sur le trauma relationnel précoce.)
Définition : Un enfant qui se sent facilement remplaçable ou sans valeur intrinsèque.
Impact sur les troubles alimentaires : Risque de négliger sa santé alimentaire par manque de valorisation de soi.
Les examens médicaux ne sont faits bien que des signaux graves ne sont pas mentionnés.
Exemple d’enfance : Un enfant dont les besoins sont constamment minimisés ou ignorés. « ce n’est rien tu n’as pas mal » peut être une phrase qu’il a souvent entendu.
Les adultes peuvent avoir peu été présents dans l’enfance : tant physiquement, qu’affectivement.
Conséquence adulte : Négligence de sa santé nutritionnelle ou au contraire obsession pour la « pureté » alimentaire comme moyen de se donner de la valeur. (Orthorexie : obsession du manger parfait).
Cela peut donner des personnes qui ont le syndrôme de diogène (appartement qui devient une porcherie), et atteint des niveaux d’obésité hyper élevé.
12. L’enfant erreur :
(« The mistake child » – Théorie : Ce concept peut être lié aux théories sur le rejet parental et aux travaux sur l’estime de soi.)
Définition : Un enfant qui croit qu’il n’aurait pas dû naître ou que son existence est une erreur.
Il répond spontanément une note très basse à la question : « Je me suis senti accueilli sur terre ».
0/10 – Pas du tout 10/10 – totalement.
Ce peut générer des problèmes d’encrages (toujours dans la lune, rêverie).
C’est une personne qui peut oublier de manger ou peut mener à des comportements d’autopunition via l’alimentation.
Ex: manger des aliments pour lesquels on a des intolérances ou allergies. Faire des purges alimentaires.
De manière générale, cela amène à de la restriction alimentaire sévère (anorexie mentale ou boulimie vomitive) comme forme d’autopunition ou de déni de ses propres besoins.
Exemple d’enfance : Un enfant constamment blâmé pour son existence même. « Tu n’étais pas attendu », « c’est ta mère qui te voulait, pas moi ».
Les parents peuvent rentrer tard et oublier de le faire garder ou de lui préparer à manger.
Conclusion :
Ce document est issu d’un croisement de théories psychologiques mélangé aux d’expériences acquises sur le sujet des troubles alimentaires auprès de mes 10 dernières années d’accompagnement en thérapie.
Le document est en constante révision, des nuances ou des corrections sur les sources seront probablement apportées par la suite.
Garder en tête, que l’on a pas eu qu’une seule blessure dans l’enfance, mais reconnaître des grandes tendances aident à panser les plaies.
Les traumatismes de l’enfance ont de gros impacts sur vos troubles alimentaires en tant qu’adultes.
Il est important de les identifier pour ressentir les émotions et traumatismes associés à cela. Quand ils auront été vécus et l’enfant intérieur rassuré et réparé, des premiers symptômes partiront.
Si vous souhaitez en sortir définitivement, vous pouvez prendre un appel de découverte ici :